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Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome I, 1795.djvu/64

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dieu et la nature sont la même chose, ne serait-ce pas une absurdité ? La chose créée ne peut être égale à l’être créant ; est-il possible que la montre soit l’horloger ? Eh bien, continuera-t-on, la nature n’est rien, c’est dieu qui est tout, autre bêtise ; il y a necessairement deux choses dans l’univers, l’agent createur, et l’individu créé ; or, quel est cet agent créateur, voilà la seule difficulté qu’il faut résoudre, c’est la seule question à laquelle il faille répondre. Si la matière agit, se meut, par des combinaisons qui nous sont inconnues, si le mouvement est inhérent à la matière, si elle seule enfin peut, en raison de son énergie, créer, produire, conserver, maintenir, balancer dans les plaines immenses de l’espace tous les globes dont la vue nous surprend et dont la marche uniforme, invariable nous remplit de respect et d’admiration, quel sera le besoin de chercher alors un agent étranger à tout cela, puisque cette faculté active se trouve essentiellement dans la nature elle-même qui n’est autre chose que la matière en action, votre chimère déifi-