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Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome I, 1795.djvu/82

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Ce n’est pas dans un siècle où l’étendue et les droits de l’homme viennent d’être approfondis avec tant de soins, que de jeunes filles doivent continuer à se croire l’esclave de leurs familles, quand il est constant que les pouvoirs de cette famille sur elle sont absolument chimériques ; écoutons la nature sur un objet aussi intéressant, et que les loix des animaux, bien plus rapprochées d’elle, nous servent un moment d’exemples ; les devoirs paternels s’étendent-ils chez eux au-delà des premiers besoins physiques, les fruits de la jouissance du mâle et de la femelle ne possèdent-ils pas toute leur liberté, tous leurs droits ? Sitôt qu’ils peuvent marcher et se nourrir seuls, dès cet instant les auteurs de leurs jours les connaissent-ils ? et eux croient-ils devoir quelque chose à ceux qui leur ont donné la vie ? Non, sans doute. De quel droit les enfans des hommes sont-ils donc astreints à d’autres devoirs ? et qui les fonde ces devoirs, si ce n’est l’avarice ou l’ambition des pères ? Or je demande s’il est juste qu’une jeune fille qui commence à sentir et

à raisonner,