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Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/238

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Ne sont rien qu’une mesme chose ;
Mais en ce poinct ils sont divers :
C’est que l’un fait des vers en prose,
Et l’autre de la prose en vers.



SONNET.


Je viens de recevoir une belle missive
De la nymphe qui prit mon ame au trebuchet,
Et qui, scellant mon cœur de son divin cachet,
Y voulut imprimer son image lascive.

Il me fasche desjà que cette heure n’arrive
Où je dois embrasser sa taille de brochet,
Et jamais verollé, tapy dessous l’archet,
En suant ne trouva l’orloge si tardive.

Phœbus, va-t-en souler tes paillards appetis
Dans les bras amoureux de la belle Thetis :
Elle se plaint qu’au ciel trop long-temps tu demeures.

Nuict, couvre l’univers de ton noir balandran,
Et, puis que j’ay le mot justement à six heures,
Amour, conduy l’aiguille au milieu du cadran.




SONNET.


Fagotté plaisamment comme un vray Simonnet,
Pied chaussé, l’autre nud, main au nez, l’autre en poche,
J’arpente un vieux grenier, portant sur ma caboche
Un coffin[1] de Hollande en guise de bonnet.

  1. Coffin, cophinus, petite corbeille ou panier à fruits.