Aller au contenu

Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/355

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qu’il sera de cœur despourveu :
Au premier rot d’artillerie,
Le chaud desir de brouillerie
Dans la crainte il r’engaisnera,
Et d’une lasche raillerie
Le derriere il nous tournera.

Le Gennois et le Florentin,
Amis de ceux qui le presentent,
Et qui par ce moyen s’exemtent
Des horions d’un bras mutin,
Faisans passe-vogue[1] à ses ailes
Fuiront comme des tourterelles
Devant des milans affamez,
Et renonceront aux querelles
Qui pour luy les auront armez.

Les dieux du liquide element,
Conviez chez un de leur trouppe,
Sur le point de fripper la souppe,
Seront saisis d’estonnement :
Un boulet de nostre tonnerre,
Tombant sur leur table de verre
Avec un fracas nompareil,
Fera soudain voler à terre
Tout leur magnifique appareil.

Là maint friand manger dressé
Dans mainte ecaille de tortue,
Suivant la saliere abbatue,
Sera plaisamment renversé ;
Là (si mes vitres[2] ne sont fausses)
Ce coup heurtant parmy les sausses

  1. Faisans passe-vogue, terme de galere qui signifie ramans de toute leur force. (S.-A.)
  2. Mes lunettes, mes yeux ; si j’y vois clair.