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Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/432

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Qui rende au jour ta glace legitime ?
Je n’en sçay rien : j’ay tout veu, tout cherché,
Brin après brin je me suis espluché ;
J’ay pris le seing, j’ay pris la patience
D’examiner ma propre conscience,
Et quelquesfois plus cruel et plus chaud
Qu’un lestrigon, qu’un tigre, qu’un brachaud,
J’ay fait souffrir torture sur torture
À l’innocente et pauvre creature,
Sans que jamais mon cœur ait pû sçavoir
Rien qui blessast ta gloire et mon devoir.
Dy-le-moy donc, au moins fay que je sache
Si par malheur j’ay honny d’une tache
Le beau minois du service eternel
À toy promis sous maint vœu solennel ;
Escry-le-moy, ne laisse plus en peine
Un franc esprit qui t’accuse de haine ;
Je dy de hayne, ayant quelque soupçon
Qu’il y va plus que d’un simple glaçon :
Car autrement, seroit-il bien possible
Que ta vertu, si prompte et si sensible
Aux saints respects qu’on doit à l’amitié,
Eust consenty, trahissent ta pitié,
À me priver de l’honneur de ta veue,
Sans qui la mienne est presque despourveue
De ce plaisir nompareil et divin
Qu’elle goustoit au pur esclat du vin ?
Fay-moy citer pour ouyr des reproches ;
Assembles-y tes parens les plus proches
Appelles-y, qui vaut bien des parens,
Nostre effectif, nostre cher Sainct-Laurens ;
Et si tu veux, pour augmenter ma honte,
Fay que ses sœurs, dont je fay tant de conte,
Avec leur niece au front si plein d’attraits,
Aux yeux si beaux, soient presentes aux traits,