Aller au contenu

Page:Sainte-Beuve - À propos des bibliothèques populaires, 1867.djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Le discours que je fais imprimer, pour être tout à fait compris, a besoin d’être rapproché d’un incident antérieur.

Dans la séance du Sénat du 29 mars 1867, à la fin de la discussion sur la loi relative à l’enseignement primaire, M. le comte de Ségur d’Aguesseau crut devoir présenter des observations d’un intérêt général, disait-il. Dans ce discours, il dénonçait d’un ton de conviction profonde le danger moral qui, selon lui, menaçait la société. Il croyait voir un plan arrêté chez les ennemis de l’ordre, un dessein d’arriver à détruire tout frein moral et religieux. De considérations en considérations, et revenant sur le passé, il reprocha au Gouvernement de n’avoir pas toujours donné le bon exemple, — de ne point le donner notamment en ce qui est des travaux publics, pour lesquels on n’observe pas les jours de repos, dimanches et fêtes. Il continua en ces termes (et ici je ne fais que donner l’extrait même du Moniteur) :

« Le bon exemple ne serait peut-être pas suivi, hélas ! mais au moins vous n’auriez pas le reproche à vous faire d’avoir favorisé ce courant de matérialisme, d’athéisme, qui emporte les masses et leur inspire une profonde indifférence pour les lois religieuses les plus sages et les plus saintes. Un autre reproche que j’ai à faire, ce sont certaines nominations scandaleuses. Je regrette que M. Rouland ne soit pas présent, car c’est lui qui…

« Plusieurs sénateurs. Mais M. Rouland est ici. (On rit.)

« M. le comte de Ségur d’Aguesseau. Je suis bien aise que M. Rouland soit présent pour dire devant lui que, malgré les bonnes intentions qu’il a manifestées l’année dernière, à l’occasion d’une pé-