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Page:Sainte-Beuve - Causeries du lundi, I, 3e éd, 1857.djvu/204

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mots caractéristiques qui ne peuvent venir que du grand témoin, et dont quelques-uns ont été ajoutés au crayon, sur la dictée, par Napoléon même, ne s’arrêtent pas au moment de son départ d’Égypte. Ils comprennent l’exposé, la critique des opérations de Kléber et de Menou, jusqu’à l’évacuation de la colonie. On y lit également le précis et la critique des événements militaires survenus en Europe pendant les années 98 et 99. Ces deux volumes sont à joindre comme un complément indispensable aux neuf volumes des Mémoires publiés par les généraux Gourgaud et Montholon, et dont M. Thiers, le premier, a signalé l’importance et la beauté d’art en 1830. Ils sont à mettre à côté du curieux volume sur les guerres de Jules César, publié par M. Marchand en 1836, et dont Carrel a parlé si pertinemment dans le National du 12 mars même année. Et puisque j’en suis à indiquer les bons juges qui ont déjà parlé de Napoléon écrivain, je n’oublierai pas M. Villemain pour une des leçons du Cours sur le xviiie siècle ; il y aborde Napoléon à propos du grand Frédéric. Je trouve aussi, en tête d’un volume intitulé Œuvres choisies de Napoléon (1844), quatre ou cinq pages des plus remarquables, signées d’un pseudonyme, mais qui attestent une plume distinguée[1].

Le résultat désormais, pour tous, est manifeste : mieux a valu pour Napoléon subir jusqu’au bout les années de la captivité et du malheur, puisqu’il devait ainsi les employer. En paraissant survivre à sa gloire, il l’a dignement accrue. Parmi les mots caractéristiques qu’on lit dans ces derniers volumes, il en est un qui me revient et que je me reprocherais de ne pas relever, car il trahit une pensée intime, et il est un de ceux que Napoléon

  1. Ces pages sont de M. Léonce de Lavergne.