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Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1921.djvu/214

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nait ? Elle jetait dans un coin ces lettres odieuses, et se jurait de ne les plus voir ni toucher. Si elle avait pu, du moins, sortir, se distraire par le monde, vivre de la vie du bal et s’étourdir comme la plus frivole dans le tourbillon insensé, ou mieux, s’échapper et courir par les bois, biche légère, et chercher, s’il en est, le dictame dans les antres secrets, au sein de la nature éternelle !


Dieux ! que ne suis-je assise à l’ombre des forêts !


Mais non, encore non ; sa cage la tient ; il faut qu’elle y reste enfermée, sous cette grille, près du poison lent qui passe par ses mains et qui la tue, elle-même devenue jusqu’au bout l’instrument docile et muet de son martyre. Des larmes d’impuissance, de jalousie, d’humiliation