Aller au contenu

Page:Sainte-Beuve - Poésies 1863.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
96
POÉSIES

Votre âme, comme un lac enfermé dans ses grèves,
Réfléchit un ciel bleu ;

Un ciel profond et bleu, plus d’une blanche étoile
Aux rayons pleins d’amour,
Plus d’un monde inconnu, qui passe, et que nous voile
Ce qu’on nomme le jour.

Vivez ! votre parole a des douceurs qu’on aime ;
Parlez de vérité ;
Sage, parlez longtemps de justice suprême,
D’éternelle beauté !

Que savez-vous du Ciel ? que devient l’âme en peine
Au sortir des bas lieux ?
Enseignez lentement, calme et tout d’une haleine,
Immense, harmonieux !

Car, sur une montagne à l’Hymette pareille,
Dormant un jour, dit-on,
Vous eûtes, tout enfant, le baiser d’une abeille,
Comme autrefois Platon.


LE PLUS LONG JOUR DE L’ANNÉE

À Laure
imité de wordsworth


Quittons le berceau de feuillage
Et les bords fleuris du torrent ;
Le soleil, las d’un long voyage,
S’est couché derrière un nuage,
Et déjà le jour est mourant.