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Page:Sainte-Beuve - Poésies 1863.djvu/264

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POÉSIES

Ne voyant, ne voulant que ceux du matin même,
Et criant dans mon cœur : N’ai-je plus rien qu’on aime
N’ai-je plus cet éclair, ce front épanoui,
Ce sourcil qui fit dire à plus d’une : « C’est lui !
« (Comme on le dit de vous, jeune encore avec grâce),
« C’est lui dont Ja douceur décèle plus d’audace,
« De flamme : je le veux, et seul, et mon désir
« L’aime au premier regard, et le sait bien choisir.
« Avec lui je veux vite, en une heure divine,
« Dussé-je une autre fois ne jamais le revoir,
« Boire à toutes les fleurs où l’abeille butine,
« Et briser ma moisson d’amour avant ce soir ! »


I

POUR MON AMI AUGUSTE DESPLACES[1]


Dilecto volo lascivire sodali.
Stace.


De nos folles ardeurs, Amour, que tu t’amuses,
Moqueur toujours le même en variant tes ruses !

J’aimai d’abord, j’aimai, pour te mieux faire honneur,
Une noble beauté que son jaloux seigneur
Enfermait nuit et jour, plaintive châtelaine.

  1. Encore un cas où Joseph Delorme s’est mis, par supposition, en lieu et place d’un ami. Avec les amours de ses jeunes amis, il se donnait ainsi comme des relais de jeunesse.