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Page:Sainte-Beuve - Poésies 1863.djvu/289

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DE JOSEPH DELORME.


Comme on sent la mort sous la vie !
Comme on n’épouse aucune ardeur !
Comme le peu que signifie,
Entêté de sa propre odeur,

L’orgueil humain avec ses haines,
Et les mensonges des partis,
Et tant d’assertions hautaines,
Ne nous sont que bruits amortis !

Quelle lente et ferme sagesse
Vaudrait pour son plus chaste amant
Ce jour aisé qui nous caresse
Comme un astre pâle et clément,

Comme un astre sans étincelle,
Sans terreur ni feux courroucés,
Mais funèbre, et qui nous révèle
La fin des mondes commencés ?

Penser rêveur et non morose,
Et qui nous incline à la mort !
Tendre tiédeur qui nous dispose
Et qui détache sans effort !

Oh ! sous le couchant qui s’abaisse,
Ces soirs des jours voluptueux,
Avec douceur, avec tristesse,
L’œil en pleurs, comme on consent mieux,

Comme on consent, de la colline,
À descendre aussi pas à pas
Le déclin où tout s’achemine,
La pente où ne manquera pas