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Page:Sainte-Beuve - Poésies 1863.djvu/571

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PENSÉES D’AOÛT.


Elle daigna répondre avec des yeux bien doux ;
Elle parlait de Dieu, qui, pour d’autres jaloux,
Est clément pour les uns, et m’indiquait la trace.

Et nous allions ainsi, par ce charmant matin,
Aux suaves blancheurs du plus vague lointain,
Sondant l’aube éternelle et causant de la Grâce.


SONNET

à M. Paulin Limayrac


Je montais, je montais ; un guide m’accompagne,
Choisit les durs sentiers, et m’y dirige exprès ;
Car je veux, Iung-Frau, toucher tes pieds de près !
Le soleil est ardent, d’aplomb sur la montagne.

Mon front nage, mon pas est lourd ; au plus je gagne
Une moitié du mont. Mais les flancs plus secrets
S’y découvrent soudain en pâturages frais,
Ménageant un vallon comme en douce campagne.

Ainsi, grand Dieu, tu fais, quand tu nous vois lassés,
Dans la vie, au milieu, quand nous disons : Assez !
Un vallon s’aperçoit, et tu nous renouvelles.

Si l’on monte toujours, à peine on s’en ressent ;
Et l’homme réparé reprend, obéissant,
Plus haut, vers les clartés des neiges éternelles !

Wengern-Alp.