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Page:Sainte-Beuve - Poésies 1863.djvu/611

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NOTES ET SONNETS.


Ô mon Âme, disais-je, ayons fidèle attente !
Ainsi dans le fond sûr de l’amitié constante
Ce qui passe et revient est plus tendre à revoir.



Lorsque j’arrivai à Lausanne pour y commencer un cours, MM. les étudiants de la société dite de Zofingue m’adressèrent un chant de bon accueil et d’hospitalité ; j’y répondis la veille du 1er janvier par la pièce suivante, où il est fait allusion, vers la fin, à la perte récente d’un jeune et bien regrettable poète, qui aurait fait honneur au pays.


Pour répondre à vos vers, à vos chants, mes Amis,
Je voulais, plus rassis de ma prose, et remis,
Attendre au moins les hirondelles ;
Je voulais, mais voilà, de mon cœur excité,
Que le chant imprévu de lui-même a chanté
Et vers vous a trouvé des ailes.

Il a chanté, croyant dès l’hiver au printemps,
Tant la neige à vos monts, à vos pics éclatants
Rit en fraîcheurs souvent écloses ;
Tant chaque beau couchant, renouvelant ses jeux,
À tout ce blanc troupeau des hauts taureaux neigeux
Va semant étoiles et roses !

Même aux plus sombres jours, et quand tout se confond,
Quand le lac, les cieux noirs et les monts bleus nous font
Leurs triples lignes plus serrées,
Il est de prompts éclairs partis du divin seuil,
Et pour l’esprit conforme à ce grand cadre en deuil
Il est des heures éclairées.