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Page:Sainte-Beuve - Poésies 1863.djvu/62

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POÉSIES


Adieu douleur longue et profonde ;
Adieu tant de jours écoulés
À contempler l’écume et l’onde,
À méditer le vent qui gronde,
À pleurer les biens envolés !

Souvent, quand la brume abaissée
Obscurcira le ciel couvert,
Tu brilleras à ma pensée,
Étoile dans ma nuit placée,
Ô souvenir du mal souffert ;

Et durant sa course nouvelle,
Mon âme, prête à s’épuiser,
Vers le passé tournant son aile,
Comme une colombe fidèle,
Sur toi viendra se reposer.


À MON AMI V. H. (VICTOR HUGO.)


Entends-tu ce long bruit doux comme une harmonie,
Ce cri qu’à l’univers arrache le génie
Trop longtemps combattu,
Cri tout d’un coup sorti de la foule muette,
Et qui porte à la gloire un nom de grand poëte,
Noble ami, l’entends-tu ?

À l’étroit en ce monde où rampent les fils d’Ève,
Tandis que, l’œil au ciel, tu montes où t’enlève
Ton essor souverain,