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Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t2, 1878.djvu/213

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LIVRE DEUXIÈME.

cessité est la règle des mœurs à un Évêque : je sentois que le désordre scandaleux de celles de mon oncle me l’imposoit encore plus étroite et plus indispensable qu’aux autres, et je sentois en même temps que je n’en étois pas capable… » Et encore : « M. l’archevêque de Paris, qui étoit le plus foible de tous les hommes, étoit, par une suite assez commune, le plus glorieux. Il s’étoit laissé précéder partout par les moindres officiers de la Couronne, et il ne donnoit pas la main dans sa propre maison aux gens de qualité qui avoient affaire à lui… »[1] Ce sont de tels archevêques pourtant, dont celui-là était encore un des meilleurs, des archevêques comme le bonhomme Péréfixe, et ensuite comme l’habile, mais impur et scandaleux De Harlay, qui ont amené contre Port-Royal les choses, de proche en proche, au degré de ruine qu’un prélat honnête et ami, mais faible, le cardinal de Noailles, se prêta à laisser consommer.

Les soutiens ordinaires de M. de Saint-Cyran à la Cour, M. Molé et M. de Chavigny, le tirèrent d’affaire cette fois encore, et détournèrent à temps la menace qui, du reste, n’aurait pu manquer de se renouveler, puisque le livre de la Fréquente Communion allait paraître. De ce livre, après la publication, M. de Saint-Cyran ne vit que le premier effet de triomphe, et il l’envisagea comme une justification éclatante qui lui était suscitée de la part de Dieu, dans un point de doctrine sur lequel il avait été particulièrement calomnié. Les sermons du Père Nouet, qui faisaient tapage, n’avaient rien d’inquiétant d’abord, et rejaillissaient plutôt contre la Société même, par leur excès. M. de Saint-Cyran, ainsi consolé, mais au terme et qui ne s’était jamais relevé de sa faiblesse depuis sa prison, se trouva plus épuisé le jeudi 8 octobre de cette année 1643 ; ses pa-

  1. Au livre II, année 1643.