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Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t2, 1878.djvu/285

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LIVRE DEUXIÈME.

manière de passe-temps, Mademoiselle (de Montpensier) et madame de Motteville. Le Port-Royal selon M. d’Andilly y est trop mêlé et y entre dans une proportion je ne saurais dire laquelle, mais à un degré trop sensible, pour que nous ne suivions pas avec quelque complaisance la réverbération. Il y avait du ressouvenir dans le songe.

Mademoiselle, en effet, ne recevait pas seulement des présents de pavies de M. d’Andilly ; elle était venue de sa personne à Port-Royal des Champs. Elle a raconté cette visite en ses Mémoires (juin 1657) de la plus princière des façons, avec un entrain, une naïveté, une inexactitude légère et sincère qui est bien celle d’une fille des rois :

« Un jour, quelqu’un me dit que le Port-Royal des Champs n’étoit qu’à deux lieues de Limours ; il me prit la plus grande envie du monde d’y aller. Il est bon de dire d’où procédoit cette curiosité, car une abbaye de l’Ordre de saint Bernard est une chose qui n’est pas trop extraordinaire à voir. Jansénius, évêque d’Ypres… (et commence ici toute une petite histoire du Jansénisme à la façon de Mademoiselle)… M. Arnauld avoit quantité de filles et de sœurs en ce monastère ; … il s’adonna à la dévotion avec M. d’Andilly son frère, et M. Le Maître son neveu. (Elle confond M. Arnauld le père avec le docteur, mais une princesse n’y regarde pas de si près…)[1] J’allai donc en ce lieu ; en y arrivant, je demandai M. d’Andilly. Je le connois, ayant été secrétaire des commandements de Son Altesse Royale ; mais il y avoit nombre d’années que je ne l’avois vu. On me dit qu’il étoit dans sa chambre ; je la voulus voir. Je jetai d’abord les yeux sur sa table ; il me dit :

  1. Petitot a corrigé la faute dans son édition ; je la trouve dans les éditions anciennes, notamment dans celle de 1746 (Amsterdam, 3 vol. in-12), qui paraît faite avec soin et d’après un manuscrit. — L’excellente édition de M. Chéruel (1859) ; qui met à néant les précédentes, confirme cette bévue du manuscrit autographe, bien que l’éditeur ait cru devoir également la corriger dans son texte.