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Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t2, 1878.djvu/389

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I


Apparition de Pascal parmi les solitaires. — Entretien avec M. de Saci. — Êpictète et Montaigne devant saint Augustin. — Abondance et verve de Pascal. — Répliques de M. de Saci. — Beauté du dialogue ; — étendue et portée. — Platon, Xénophon.


On n’a pas entièrement quitté M. de Saci ; c’est lui, l’homme efficace et indispensable de céans, qui nous introduit de plain-pied dans Pascal, et tout d’abord sous un aspect assez inattendu : au lieu de l’auteur, ou même du pénitent, on va trouver l’homme.

Pascal a dit : « On ne s’imagine d’ordinaire Platon et Aristote qu’avec de grandes robes et comme des personnages toujours graves et sérieux. C’étoient d’honnêtes gens qui rioient comme les autres avec leurs amis ; et, quand ils ont fait leurs lois et leurs traités de politique, ç’a été en se jouant et pour se divertir. »[1] Bien que Pascal n’ait peut-être jamais ri beaucoup, il était, quand il aborda Port-Royal, de ces honnêtes gens et des mieux

  1. Je laisse indifféremment ces premières citations des Pensées dans le texte donné par Port-Royal, jusqu’au moment où nous en viendrons à la question même et au vif de la discussion sur le livre des Pensées. J’observe ainsi, sans le devancer, le progrès qui s’est fait successivement sur Pascal et auquel moi-même, en quelques points, j’ai tâché de contribuer.