plus graves : « J’avois bien quelque chose à vous dire, mais il y faut une autre préparation que cela ; ce sera pour une autre fois. » Et l’on se retira un peu confus de cet éclat d’allégresse innocente.
Il semblait, ajoute Lancelot, que, même en ce moment de dispense si naturelle, M. de Saint-Cyran se fût dit tout bas dans sa discrète révérence, selon cette parole du Sage : « Filiae tibi sunt, non ostendas hilarem faciem tuam ad illas ; avez-vous des filles, évitez de vous montrer à elles avec un visage trop riant.[1] »
Mais le jour de l’Octave de sa sortie, on lui proposa de célébrer à Port-Royal une messe solennelle en action de grâces. Il était trop faible pour la dire lui-même, et il se contenta d’y communier avec l’étole.[2]Ce fut M. Singlin qui officia. M. Arnauld, en termes d’église, y faisait diacre, et M. de Rebours sous-diacre ; M. de Saci et Lancelot servaient d’acolytes. À la fin de la messe, les religieuses chantèrent le Te Deum. « Mais ce qui me parut plus remarquable que tout le reste, écrit Lancelot, fut ce que je vais dire. » Et je prie qu’on insiste sur chaque ligne de ce passage ; nous assistons d’un bout à l’autre à tous les actes de ces pieuses vies : qu’elles se peignent trait pour trait dans notre mémoire !
«Après le Te Deum, M. de Saint-Cyran envoya son domestique dans la sacristie, dire qu’il prioit tous les officiants et le Célébrant de s’assembler, et de lui tirer un Psaume tel qu’il plairoit à Dieu de nous l’envoyer, qui lui pût servir de cantique de joie et d’action de grâces pour dire à pareil jour, c’est-à-dire, tous les vendredis et tout le reste de sa vie.
- ↑ Ecclésiastique, chap. VII, 26.
- ↑ Ce qu’il faisait volontiers, surtout dans cette dernière année qui suivit sa sortie de prison. Il communia même de la sorte le jour de Pâques à sa paroisse de Saint-Jacques-du-Haut-Pas, à la grand messe, parmi le peuple ; et cette étole sur le manteau est un des griefs du Père Rapin contre lui. (Hist. du Jans.)