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Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t3, 1878.djvu/18

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PORT-ROYAL.

arrivaient de temps en temps à un degré de scandale intolérable. Ainsi, en 1651, le Père Brisacier, de la maison de Blois, s’était mis à prêcher contre M. de Callaghan (ou Mac-callaghan), ami de Port-Royal, proche parent des Muskry, des Hamilton, et Irlandais lui-même, que madame d’Aumont avait établi curé en l’une de ses terres (Cour-Chiverny) aux environs de Blois. On avait répondu (car on répondait toujours) par un écrit en quatre parties au sermon en quatre points du Père Brisacier, lequel ne resta pas en arrière, et dans un vrai libelle intitulé : le Jansénisme confondu dans l’Avocat du Sieur Callaghan. … y passa toutes les limites : il y traitait les religieuses de Port-Royal de Vierges folles, impénitentes, asacramentaires, incommuniantes, phantastiques ; ayant tout épuisé, il finissait par les appeler Callaghanes ! La mère Angélique, informée par madame d’Aumont de ces infamies, et ayant lu quelque chose du libelle, crut devoir en demander justice à l’archevêque, M. de Gondi, par une lettre pleine de modération et de dignité (17 décembre 1651). L’archevêque, pressé d’ailleurs par madame d’Aumont, rendit une Censure. Je ne donne là qu’un échantillon. Des excès pourtant, comme ceux du Père Brisacier ou plus tard du Père Meynier, comme ceux, autrefois, du Père Nouet et de tous ces casse-cous du parti, se réfutaient d’eux-mêmes. Le danger véritable pour Port-Royal n’était pas là, mais bien dans ce qui se suivait sourdement et obstinément à Rome, pour revenir éclater avec autorité en France.

Le livre de Jansénius, on le sait, avait été, quelque temps après sa publication, censuré par une Bulle d’Urbain VIII ; mais cette Bulle n’était pas décisive ; et d’ailleurs les Jansénistes, selon l’usage où nous les verrons de toujours savoir les intentions des Papes mieux qu’eux-mêmes, soutenaient qu’elle avait été en partie surprise à ce pontife. Urbain VIII, selon eux, avait pensé