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Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t3, 1878.djvu/268

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PORT-ROYAL.

temps où il me faisait l’honneur de m’aimer (et il m’a depuis rendu cette bienveillance), m’adressait ces encourageantes paroles :

« Vous vengerez des hommes de grande vertu et de grand talent des injustices de M. de Maistre, qui les a sacrifiés aux Jésuites, si au-dessous d’eux à tous égards. Ceux-ci n’ont, que je sache, qu’un seul écrivain, et encore du second ordre, à citer, Bourdaloue. Le caractère de leurs auteurs, je dis des plus loués, c’est le vide et le bel esprit de collège. Sans parler de Pascal, qu’est-ce que ces gens-là près d’Arnauld, de Nicole, et de tant d’autres moins connus et que vous ferez connoitre ? Dans les traités de morale de Nicole, je vous recommande particulièrement celui De la Connaissance de soi-même, et celui Des Moyens de conserver la paix entre les hommes. Ce sont, à mon sens, deux petits chefs-d’œuvre. Et leurs Grammaires donc : qui a mieux fait depuis ? »

Ce jugement, selon nous, reste le vrai, après de Maistre comme avant[1].

De tout ceci la conclusion, c’est qu’il nous semble au moins douteux que Pascal soit mort ; en attendant qu’on nous le certifie, nous continuerons d’aller, et de relever les traces des Provinciales. La suite des conséquences théologiques proprement dites étant terminée, c’est le moment d’en venir à ce que j’ai appelé les conséquences morales.

  1. Voir à l’Appendice le jugement du cardinal de Bausset qui concorde assez bien avec celui de M. de La Mennais.