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Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t3, 1878.djvu/36

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PORT-ROYAL.

signer des simples ecclésiastiques, ou même, nous le verrons, des religieuses. Ce formulaire, décrété par l’Assemblée générale de 1656, était ainsi conçu : « Je me soumets sincèrement à la Constitution de N. S. P. le Pape Innocent X…, et je condamne de cœur et de bouche la doctrine des cinq Propositions de Cornélius Jansénius, contenues dans son livre intitulé AUGUSTINUS, que le Pape et les Évêques ont condamnées ; laquelle doctrine n’est point celle de saint Augustin, que Jansénius a mal expliquée contre le vrai sens de ce saint Docteur.  » Cependant Alexandre VII, qui venait de succéder à Innocent X, confirmait par une Bulle nouvelle (16 octobre 1656) le décret de son prédécesseur ; on inséra dans le Formulaire précédent la soumission à cette seconde Bulle qui déterminait encore mieux le sens anti-janséniste de celle d’Innocent X, et l’Assemblée de 1657 arrêta que le Roi serait supplié de faire expédier une Déclaration enjoignant à tous les ecclésiastiques du royaume de signer. Mais le Parlement de Paris ne se prêta pas à enregistrer la Déclaration et la Bulle ; il fallut la présence du Roi pour le contraindre. Ces difficultés, que j’abrège, parurent lasser subitement le Cardinal, qui répondit un jour assez brusquement à de nouvelles instances du Père Annat, que sa Compagnie lui donnait seule plus d’affaires que tout le royaume, et que le Roi avait plus fait pour eux qu’il ne devait[1]. Il y eut un

  1. Le cardinal Mazarin ne se sentait pas du tout sur son terrain quand il s’agissait de Bulles, et que le Parlement mettait en avant les droits et libertés de l’Église gallicane. L’avocat-général Orner Talon, qui était mort à cette date, a fait en un endroit de ses Mémoires cette remarque essentielle : « M. le cardinal Mazarin, lequel est fort intelligent et aigu dans les affaires, et principalement en celles de la Cour de Rome qu’il a pratiquées toute sa vie, mais qui ne sait pas l’usage du royaume dans les choses de cette qualité, a peine à comprendre comment en France nous pouvons nous opposer aux ordres émanés de Cour de Rome. » — Le