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Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t3, 1878.djvu/563

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LIVRE QUATRIÈME.

« … Ils se doivent souvenir que quand il s’agit d’entrer dans l’esprit du monde, c’est peu de chose que d’avoir raison, et que c’est un grand mal de n’avoir que raison, et de n’avoir pas ce qui est nécessaire pour faire goûter la raison….
« Toutes ces manières fières, présomptueuses, aigres, opiniâtres, emportées, viennent toujours de quelque dérèglement d’esprit, qui est souvent plus considérable que le défaut d’intelligence et de lumière que l’on reprend dans les autres,…
« Cette injustice est encore plus grande s’il arrive qu’on emploie ces manières choquantes pour combattre des opinions communes et reçues ; car la raison d’un particulier peut bien être préférée à celle de plusieurs, lorsqu’elle est plus vraie ; mais un particulier ne doit jamais prétendre que son autorité doive prévaloir à celle de tous les autres.
« Ainsi non-seulement la modestie et la prudence, mais la justice même, obligent de prendre un air rabaissé quand on combat des opinions communes, ou une autorité affermie… »

Cette modestie, cette prudence dans le ménagement de la vérité, ce scrupule infini à la saisir, cet air rabaissé à la proposer, nous en aurons un exemple accompli, au sein de Port-Royal, dans l’élève par excellence sorti de cette école, dans la personne du docte et saint Tillemont à qui Nicole, son maître, avait inculqué l’esprit de ces règles dès l’enfance.

Les préceptes des derniers chapitres de la Logique (4e partie), pour bien conduire sa raison dans la créance des événements qui dépendent de la foi humaine et dans la créance des miracles, sont exactement ceux que Tillemont a suivis en ses savantes et judicieuses histoires.

Le chapitre final traite du jugement qu’on doit faire des accidents futurs. Il commence par des remarques sur les craintes ou les espérances exagérées, qui sont tout en vue d’un inconvénient ou d’un avantage, et sans proportion avec la probabilité de l’événement. Si on