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Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t3, 1878.djvu/578

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PORT-ROYAL.

Arnauld et Descartes ne se virent que par lui. Il suivit dans l’automne de cette même année M. Manguelen à Bazas[1], et au retour il ne tarda pas à être préposé à la conduite des Petites Écoles. M. Singlin le faisait entrer en même temps dans les Ordres malgré ses résistances, et le poussait jusqu’au diaconat ; mais M. de Beaupuis ne fut ordonné prêtre qu’en 1666, sur les instances redoublées de l’évêque de Beauvais. Ce qu’il fit durant ces treize années (1647-1660) tant à l’école de la rue Saint-Dominique qu’au petit Collège du Chesnai, nous le savons par le résultat même et par le tableau des études auxquelles nous venons d’assister ; dans cette vie unie et laborieuse, chaque jour se ressemblait. Après la ruine des Écoles, M. de Beaupuis logea quelques années à Paris, au sein de la famille Périer, s’occupant à suivre l’éducation des neveux de Pascal. Il était auprès de Pascal dans les derniers temps de sa maladie, et il assista à sa mort ; on a une lettre de lui à M. Hermant, où il en raconte les circonstances[2]. Après que la famille Périer fut repartie pour l’Auvergne, en 1664, il demeura à Paris encore, et n’en sortit que lorsqu’il n’y eut plus moyen d’être utile aux amis de toutes parts éclipsés, et aux religieuses captives. Retiré alors à Beauvais (1666), attaché comme prêtre à l’Église de cette ville par l’évêque (Choart de Buzanval, ami de Port-Royal), il remplit dix ans des fonctions actives et diverses ; puis il fut Supérieur du Séminaire à partir de 1676. Mais, à la mort de M. de Buzanval (1679), son successeur, le célèbre négociateur Forbin de Janson, prélat éclairé, mais mondain, pour se conformer aux ordres de la Cour et du Père La Chaise, dut sévir contre ce qu’on appelait l’héresie de Beauvais. Il dépouilla M. de Beaupuis de son

  1. Tome II, page 239.
  2. Voir Mémoires manuscrits de M. Hermant (pages 1960-1961).