Aller au contenu

Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t3, 1878.djvu/606

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
596
PORT-ROYAL.

le Journal manuscrit de M. de Pontchâteau à la date du 23 décembre 1678 : « Les Minimes de la Place-Royale ont avoué à M. le Premier Président de la Cour des Aides que M. de Paris leur avoit fait dire de ne pas souffrir qu’on mît dans leur église une Épitaphe à M. de Launoi, qui y est enterré, et que, si on en mettoit, le roi enverroit la mettre en pièces. » Je lis encore dans une lettre d’un Bénédictin, insérée dans ce même Journal (du 1er décembre 1678), que « l’un des Pères Minimes de la Place-Royale, confesseur ordinaire de M. de Launoi, lui avoit fait renoncer avant de mourir à tout ce qu’il avoit écrit et dit qui pouvait choquer la foi, la sainte Église ou les Saints. Pour l’Épitaphe qu’on avoit présentée à ces Pères pour placer sur le tombeau dudit docteur, ils la refusèrent à cause de ces paroles qui y étoient : Perpetuus veritatis assertor, en la place desquelles ils vouloient qu’on mît : veritatis indagator, ou autres semblables. » — C’était en effet un chercheur infatigable et un critique scrutateur bien plus qu’un défenseur et mainteneur des vérités établies. Je lis encore dans une lettre de l’évêque de Grenoble, Le Camus, à M. de Pontchâteau, à la date du 31 mai 1675 : « Nous connoissons, vous et moi, le bonhomme de Launoi. Il est d’un très-bon usage pour débourrer un jeune théologien et pour le mettre dans la route ; mais si ces écoliers ne se tiennent bien, le libertinage est fort à craindre. » Le libertinage, c’est-à-dire la non-soumission aux idées reçues et de se faire des principes à soi de théologie trop hardie et trop libre. On verra le docteur Ellies Du Pin s’en ressentir.


SUR LES LETTRES PROVINCIALES.


(Se rapporte à la page 62.)


M. d’Andilly avait une correspondance suivie avec le marquis (bientôt maréchal) de Fabert, alors en résidence à Sedan, et le tenait très au courant des controverses et apologies jansénistes. Le vieux guerrier devenu très-dévot s’y intéressait beaucoup. Dans une lettre de lui du 12 mars 1656, adressée à M. d’Andilly, on trouve ce passage :

« … Jugez, Monsieur, si je ne me tiendrai pas fort honoré d’avoir les livres que vous m’avez envoyés, et si je ne rechercherai pas avec soin tous ceux qui se feront à l’avenir. Je mande à celui qui fait mes affaires à