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Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t3, 1878.djvu/608

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PORT-ROYAL.

Fabert écrit à d’Andilly, le 18 octobre 1656 :

« La treizième Lettre est tout à fait admirable, et si ceux contre qui elle parle étoient bien conseillés, ils ne donneroient plus matière de se faire bourrer de la sorte ; ils rendroient grâce pour les lumières qu’on leur offre, et tout au moins, s’ils n’en vouloient pas profiter, ils laisseroient la chose sans obliger leur censeur à leur en dire journellement qu’ils doivent avoir peine d’entendre. »

Et le 7 décembre de la même année :

« J’ai bien de l’impatience que la quinzième Lettre paroisse, mais quoique je ne mette point en doute ce que vous dites, je ne laisse pas de ne pouvoir comprendre comment elle peut être plus belle que la quartorze ; celle ici (pour celle-ci) m’a charmé et tellement rempli l’esprit d’admiration pour elle que je ne pense pas pouvoir jamais rien voir de si beau. »

Fabert, dans sa lettre du 17 décembre 1656, accuse réception à M. d’Andilly de l’Avis des Curés de Paris et de la suite de l’extrait des censures. Il l’en remercie et lui dit qu’à l’avenir une liste des choses imprimées lui suffira, et qu’il se les fera adresser par la personne qu’il en a chargée à Paris. Ce qu’il désirerait surtout serait « la liste de tout ce qui est imprimé depuis le livre de la Fréquente Communion. » — Il a lu la quinzième Lettre et la met au même rang que la quatorzième.

Le 24 décembre 1656, il écrit :

« Ce m’a été un extrême déplaisir d’apprendre que la seizième Lettre étoit aussi la dernière. »

Et le 7 mars 1657 :

« Si toutes les Lettres n’étoient telles qu’on ne peut dire d’aucune que ce ne soit la plus belle chose du monde, l’on diroit que la dix-septième est la plus belle qui ait jamais été écrite. »

Le 16 mai 1657 :

« La dix-huitième est une chose à admirer, et que chacun doit savoir, ce me semble. Il y a beaucoup de choses à apprendre en sa lecture, et, à mon avis, une seule à craindre, qui est qu’elle ne donne aux Jésuites autant d’aversion pour saint Bernard qu’ils en ont pour Jansénius. » — (Manuscrits de la Bibliothèque de l’Arsenal, Papiers de la Famille Arnauld, tome II)

Ce qui s’est passé là entre M. d’Andilly et Fabert a dû se produire plus ou moins de la même manière, au même moment, en vingt et en cent cas à peu près semblables. Tous les amis, tous les correspondants de Port-Royal étaient en mouvement. M. d’Andilly, surtout, manigançait en tous sens pour recueillir des suffrages.