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Page:Sainte-Beuve - Portraits contemporains, t1, 1869.djvu/15

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PORTRAITS
CONTEMPORAINS



CHATEAUBRIAND

1834
— Mémoires —[1].

Nous sommes dans un temps où tout se hâte, se divulgue, et où la parole n’attend pas. L’événement d’hier est déjà de la chronique, de la poésie ou de l’histoire ; l’œuvre de demain s’anticipe impatiemment, et la curiosité la dévore. On a goûté, le matin, ce qui fait l’objet d’un souvenir, et avant le soir on le raconte, on le chante.

Et pourquoi ne le raconterait-on pas ? pourquoi ne pas mettre en circulation jour par jour, pour ainsi dire, ce qui a instruit ou ému, ce qui a appris quelque

  1. On a essayé dans les pages qui suivent de rendre l’effet que produisirent les premières lectures des Mémoires, dans le salon de madame Récamier. Ce n’est en rien un jugement, c’est une impression, un reflet fidèle.