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Page:Sainte-Beuve - Portraits contemporains, t1, 1869.djvu/335

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poétique ou poëte, c’est à celui du Village abandonné qu’il faut revenir comme type aimable :


A man he was to all the country dear,
And passing rich with forty pounds a year.


Delille, dans l’Homme des Champs, en imitant ce fin et doux tableau, nous l’a tout à fait défiguré par le vague et la banalité des traits :


Voyez-vous ce modeste et pieux presbytère ?
Là vit l’homme de Dieu dont le saint ministère
Du peuple réuni présente au ciel les vœux,
Ouvre sur le hameau tous les trésors des cieux,
Soulage le malheur, consacre l’hyménée, etc. ;


et plus loin :


Honorez ses travaux ! Que son logis antique.
Par vous rendu décent et non pas magnifique, etc.


Et cela au lieu du frais taillis et du jardin souriant de l’aimable curé d’Auburn ! Qu’on mette aussi en regard l’intérieur de Jocelyn à Valneige :


Le jardin, le verger, quelques arpents de prés,
Les châtaignes, les noix, de petits coins de terre
Que je bêche moi-même autour du presbytère ;

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tout abonde ; le pain y cuit pour l’indigent,

Et Marthe dans l’armoire a même un peu d’argent.


Dans son Épître au curé de Roquencourt, Ducis, plus voisin de la nature que Delille, avait dit :


Ton presbytère étroit, sous ton humble clocher,
À l’église attenant, suffit pour te cacher.