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Page:Sainte-Beuve - Portraits contemporains, t1, 1869.djvu/343

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Quand le bord de sa robe était mon horizon !


lisez pour vous, lisez aux autres ; baignez-vous, baignez-les dans ces salutaires et abondantes douleurs !

Après un court voyage à Paris (vers 1800), où il retrouve, sans lui parler, Laurence en proie aux dissipations du monde, et après avoir aussi conçu une rapide et profonde idée de la renaissance du siècle, Jocelyn s’enfuit à la hâte vers ses montagnes et se replonge en cet air âpre et vivifiant dont il a besoin pour ne pas défaillir. C’est à cette partie de sa vie que se rapportent les admirables enseignements, si appropriés à l’esprit de son troupeau, la parabole du Nil, des Deux Frères, la leçon d’astronomie aux enfants du village, terminée par le dialogue de l’Aigle et du Soleil. On peut rapprocher moralement et littérairement ce genre familier au curé de Valneige de quelques belles paraboles des Paroles d’un Croyant, et de celles de Krummacher, pasteur à Brème[1]. L’histoire du Tisserand appartient au registre de paroisse d’un Crabbe attendri et compatissant. Mais rien ne se peut comparer pour l’abondance rurale et le sacré de l’in-

  1. M. l’abbé Bautain en a traduit la première partie, et M. Marmier a publié la suite. Krummacher est pasteur à Brême, comme Hebel, cité plus bas, était prélat protestant à Carlsruhe, comme Tegner le poëte suédois, qui a fait, entre autres poésies ecclésiastiques, une espèce d’idylle sur la Première Communion et une pièce sur la Consécration du Prêtre, est fils de pasteur et lui-même évêque de Vexio en Suède. On me parle aussi de Théremin, pasteur en Prusse, qui a fait des vers sur les cimetières et sur la mort. C’est, on le voit, une série toute pareille à celle des curés poëtes d’Angleterre.