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Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 8, 1855.djvu/181

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CONSUELO.



De quel côté allons-nous donc ? (Page 181.)

— Allons, mes enfants, reprit celui qui avait déjà parlé, et que son compagnon appelait M. Mayer ; allons, sautez ! »

Joseph, à peine assis dans la barque, remarqua que les deux inconnus regardaient alternativement Consuelo et lui avec beaucoup d’attention et de curiosité. Cependant la figure de ce M. Mayer n’annonçait que douceur et gaieté ; sa voix était agréable, ses manières polies, et Consuelo prenait confiance dans ses cheveux grisonnants et dans son air paternel.

« Vous êtes musicien, mon garçon ? dit-il bientôt à cette dernière.

— Pour vous servir, mon bon Monsieur, répondit Joseph.

— Vous aussi ? dit M. Mayer à Joseph ; et, lui montrant Consuelo : — C’est votre frère, sans doute ? ajouta-t-il.

— Non, Monsieur, c’est mon ami, dit Joseph ; nous ne sommes pas de même nation, et il entend peu l’allemand.

— De quel pays est-il donc ? continua M. Mayer en regardant toujours Consuelo.

— De l’Italie, Monsieur, répondit encore Haydn.

— Vénitien, Génois, Romain, Napolitain ou Calabrais ? dit M. Mayer en articulant chacune de ces dénominations dans le dialecte qui s’y rapporte, avec une admirable facilité.

— Oh ! Monsieur, je vois bien que vous pouvez parler avec toutes sortes d’Italiens, répondit enfin Consuelo, qui craignait de se faire remarquer par un silence prolongé ; moi je suis de Venise.

— Ah ! c’est un beau pays ! reprit M. Mayer en se servant tout de suite du dialecte familier à Consuelo. Est-ce qu’il y a longtemps que vous l’avez quitté ?

— Six mois seulement.

— Et vous courez le pays en jouant du violon ?

— Non ; c’est lui qui accompagne, répondit Consuelo en montrant Joseph ; moi je chante.

— Et vous ne jouez d’aucun instrument ? ni hautbois, ni flûte, ni tambourin ?

— Non ; cela m’est inutile.

— Mais si vous êtes bon musicien, vous apprendriez facilement, n’est-ce pas ?

— Oh ! certainement, s’il le fallait !

— Mais vous ne vous en souciez pas ?