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Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/117

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la voix de cette muse maternelle qui l’avait enlevée et transportée dans la région du beau et du vrai pour lui montrer cette voie sans fin où l’artiste ne doit pas s’arrêter ?

Elle réfléchissait ainsi en marchant, et elle se trouva auprès de la statue sans visage, sa première initiatrice. Elle s’appuya contre le socle, la main appuyée sur ses pieds froids. Il lui sembla alors entendre une voix qui, si elle partait de la statue, résonnait en fortes vibrations en elle-même, et qui lui disait :

« Laisse le soin de ton avenir à l’âme maternelle qui veille en toi et sur toi. À nous deux, nous trouverons bien la route de l’idéal. Il ne s’agit que d’accepter le présent comme une étape où, en te reposant, tu travailles quand même. Ne crois pas qu’il y ait un choix à faire entre le devoir et une noble ambition. Ces deux choses sont faites pour marcher ensemble en s’aidant l’une l’autre. Ne crois pas non plus que la colère vaincue et la peine endurée soient les ennemies du talent. Loin de l’épuiser, elles le stimulent. Souviens-toi que tu as trouvé dans les larmes le type que tu cherchais, et sois sûre que, quand tu souffres avec vaillance, ton talent grandit à ton insu avec ta force. La santé de l’intelligence n’est pas dans le repos, elle n’est que dans la victoire. »

Diane rentra, pénétrée de cette révélation intérieure, et, laissant sa fenêtre entr’ouverte, elle dormit on ne peut mieux.

Le lendemain, elle sentit un calme délicieux dans