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Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/181

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quelquefois ses parents parler entre eux de la tante Colette ; elle n’avait jamais bien compris ce qu’on en disait, elle ne chercha pas à en savoir davantage. L’idée de changer de place et de voir du nouveau lui faisait bouillir le sang ; elle avait beau être devenue sage, les roitelets avaient eu raison de la traiter de curieuse ; elle l’était toujours, et ce n’était pas un mal : elle aimait à s’instruire.

La voilà partie en diligence avec sa mère ; elles voyagèrent pendant un jour et une nuit et arrivèrent tout étonnées dans la montagne. Sylvaine trouvait cela fort vilain, Catherine n’osait pas lui dire qu’elle le trouvait fort beau.

Quand elles descendirent de voiture et demandèrent le village où demeurait madame Colette, on leur montra un chemin aussi rapide que le toit de la bergerie de Catherine, et on leur dit : — Il n’y en a pas d’autre, suivez-le.

— Eh bien ! voilà un drôle de chemin, dit Sylvaine, c’est le monde à l’envers. Il faudrait avoir quatre pattes comme une chèvre pour marcher dans ce pays-ci. Le voilà, ton pays bleu, Catherine ! Le trouves-tu à ton gré ?

— Je t’assure qu’il est bleu, répondit Catherine. Regarde le haut de la montagne, maman, tu vois bien que c’est bleu !

— C’est de la neige que tu vois, ma pauvre enfant, et de près elle est blanche.

— De la neige en été ?

— Oui, parce qu’il fait si froid là-haut que la neige n’y fond pas.