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Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/250

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encore entendre, répété à satiété par plusieurs voix qui partaient de différents côtés ; on aurait dit une bande de tailleurs éparpillés sur les pointes de la dune, qui le menaçaient en se moquant de lui. Clopinet ne put se rendormir ; il attendit le jour sans bouger et n’entendit plus rien. Il sortit de la grotte, regarda partout et ne vit personne. Seulement il y avait beaucoup d’oiseaux de mer et de rivage qui avaient dormi sur le haut des dunes et qui passaient au-dessus de lui. Il vit des vanneaux, au plumage d’émeraude, qui voltigeaient en faisant dans l’air mille cabrioles gracieuses, des barges de diverses espèces et un grand butor qui passait tristement, le cou replié sur son dos et les pattes étendues. Il ne connaissait pas ces oiseaux-là par leurs noms, il n’en avait jamais vu de près, parce qu’il n’y avait ni étang ni rivière dans son endroit et que les oiseaux de passage ne s’y abattaient pas. Il prit plaisir à les regarder, mais tout cela ne lui expliquait pas les bruits qui l’avaient étonné, et il résolut de savoir s’il y avait un endroit habité dans son voisinage.

Il s’agissait de sortir de son trou. Au grand jour, rien n’était plus facile, quoique le passage fût étroit et embrouillé de buissons épineux. Il le remarqua bien, et, sûr de ne plus se tromper, même la nuit, il monta sur un endroit plus élevé d’où il vit tout le pays environnant. Aussi loin que sa vue pût s’étendre, il ne trouva que le désert et pas la moindre trace de culture et d’habitation.

Il s’imagina alors que les diables de la nuit avaient voulu l’effrayer. Son frère François lui avait dit ;