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Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/283

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chaudes. Il se disait que ce n’était pas la saison de trouver des nids vers le nord ; il ne savait pas encore que certaines espèces s’envolent en sens contraire et vont chercher le froid.

Comme il n’avait pas voulu trop mentir, il avait dit à son père qu’aucun engagement ne le forçait de se remettre en mer. Il voulait amener ses parents à lui laisser sa liberté et à le voir repartir sans fâcherie ; mais, comme il ne pouvait pas rester sans rien faire, il lui fallut bien se remettre à garder et à soigner les vaches, ce qui l’ennuya beaucoup. Ces bêtes lourdes et lentes lui plaisaient de moins en moins ; ce pâturage plat et sans vue le rendait triste, son esprit voltigeait toujours sur la mer et sur les falaises. Un jour, son père l’envoya chercher à Dives un médicament chez l’apothicaire ; dans ce temps-là, on ne disait point pharmacien, mais c’était la même chose, ou plutôt c’était quelque chose de plus. La médication étant plus compliquée, ceux qui fabriquaient et vendaient des remèdes étaient obligés à savoir plus de détails et à fournir plus de drogues différentes.

Dives était une très-ancienne ville ; mais Clopinet, qui n’était pas antiquaire, trouva le pays fort laid, bien qu’il soit très-joli du côté de la campagne : lui qui ne regardait que du côté de la mer s’ennuya de voir cette côte plate et tout ensablée. Alors il vit dans l’étroit chenal qui remplace le grand port, d’où jadis la flotte de Guillaume le Conquérant partit pour l’Angleterre, de grosses barques qui faisaient encore un petit commerce avec Honfleur, et l’envie de s’en