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Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/298

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force de chercher de nouveaux passages il réussit à en trouver un pas bien difficile et pas trop dangereux. Il s’y risqua et arriva enfin à la partie rocheuse, où, avec une vive satisfaction, il retrouva son jardin, sa galerie, sa lucarne et sa grotte à peu près intacts. Aussitôt il s’occupa d’y refaire son installation : son lit d’herbes sèches fut vite coupé et dressé ; après un grand nettoyage, car divers oiseaux avaient laissé leur trace dans sa demeure, il coupa plusieurs brassées de joncs marins desséchés, et alluma du feu pour bien assainir la grotte. Il y brûla même des baies de genévrier pour la parfumer. Il y prit son frugal repas, puis, s’étendant sur l’herbe de son jardin sauvage, où les mêmes fleurs qu’il avait aimées fleurissaient plus belles que jamais, il fit un bon somme, car il s’était levé de grand matin et s’était beaucoup fatigué pour traverser les dunes bouleversées.

Dès qu’il fut reposé, il voulut essayer l’ascension de la grande falaise pour savoir si elle était encore habitée par les mêmes oiseaux. Il y parvint avec mille peines et mille dangers ; mais il n’y trouva plus trace de nids, et il n’y put ramasser une seule plume. Les roupeaux avaient abandonné la place ; c’était signe qu’elle menaçait ruine, leur instinct les en avait avertis. Où s’étaient-ils réfugiés ? Clopinet ne tenait plus à reprendre son bon petit commerce d’aigrettes, il se trouvait assez riche ; mais il eût souhaité revoir ses anciens amis et savoir s’ils le reconnaîtraient après cette longue absence, ce qui n’était guère probable.