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Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/301

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Quand il fut retiré dans la grotte, le vent s’éleva et la fête devint un peu brutale. Des torrents de pluie ruisselèrent autour de l’ermitage ; mais la lune aimable et coquette quand même mit encore des diamants verts dans le feuillage qui en festonnait l’entrée. Clopinet dormit au milieu du vacarme, et il prenait plaisir à se trouver réveillé de temps en temps par le fracas du tonnerre. Un de ces éclats de foudre fut pourtant si violent qu’il en ressentit la commotion et se trouva sans savoir comment debout à côté de son lit. Mille cris plaintifs remplissaient l’air au-dessus de lui, et un instant après il se sentit littéralement fouetté par une quantité de grandes ailes qui s’agitaient sans bruit autour de lui dans sa grotte. C’était le campement de ses voisins qui avait été frappé par la foudre. Les femelles éperdues avaient quitté leurs œufs brisés, et, poussées par le vent, elles venaient s’abattre dans le jardin de Clopinet et se réfugier, avec des clameurs d’épouvante et de désolation, presque dans sa demeure. Il en eut une grande pitié, et, se gardant bien de les repousser, il se recoucha et se rendormit au milieu de ces pauvres oiseaux dont quelques-uns à demi morts gisaient sur son lit.

Dès que le jour parut, tout ce qui avait encore des ailes s’envola, mais plusieurs étaient démontés, quelques-uns éborgnés, d’autres morts ou mourans. Clopinet soigna de son mieux ses tristes hôtes et alla ensuite voir le désastre de la colonie. Il fut témoin des cris et des lamentations des couveuses cherchant en vain leurs œufs, et il essaya de ré-