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Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/40

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le grand mur et la petite rivière, la croyance à un esprit gardien des ruines s’était répandue, et personne n’y faisait plus de dommages ; mais le triste état des autres statues témoignait des outrages qu’elles avaient longtemps subis. À toutes, il manquait un ou deux bras, quelques-unes gisaient étendues dans les chardons violets et les linaires jaunes.

En regardant avec attention celle qui lui avait parlé, Diane s’imaginait reconnaître le portrait de son aimable fée, en même temps qu’elle identifiait aussi cette figure avec celle de la danseuse peinte dans la salle où elle avait dormi. Elle pouvait bien s’imaginer à cet égard tout ce qu’elle voulait, toutes ces divinités de la renaissance imitées de l’antique ont dans les formes aussi bien que dans le costume un air de famille, et le hasard ayant voulu que toutes deux eussent la figure emportée, l’idée de la petite Diane était, sinon juste, du moins ingénieuse.

Fatiguée de marcher, elle tâcha de rejoindre son père et le trouva en bas de la terrasse, occupé à activer les réparations de la voiture. Romanèche avait déterré aux environs une espèce de charron, bon paysan pas trop maladroit, mais qui n’allait pas vite et qui n’était pas très-bien outillé.

— Il faut prendre patience, ma petite demoiselle, lui dit Romanèche ; j’ai trouvé pour vous du pain bis qui n’est point mauvais, de la crème bien fraîche et des cerises. J’ai porté tout cela dans votre grande chambre. Si vous voulez y retourner déjeuner, ça vous désennuiera.

— Je ne m’ennuie pas du tout, répondit Diane,