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Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/74

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Flochardet céda encore et Diane fut installée dans une charmante petite chambre bien arrangée pour elle avec Geoffrette à côté. Le docteur tint sa parole. Il quitta la partie active de son métier. Étant considéré comme grand médecin, il ne put se refuser à donner chaque jour deux heures de consultation pendant la récréation de son élève, et Diane passait ces deux heures chez son père. Le soir, M. Marcelin, neveu et successeur de M. Féron, venait soumettre à celui-ci les cas sérieux ou intéressants et prendre son avis avec déférence. Ensuite, quand il avait le temps, il jouait et causait avec Diane qu’il traitait de petite sœur, car c’était un brave garçon que Marcelin, incapable de concevoir de la jalousie contre elle, et se trouvant assez enrichi par l’éducation, le savoir et les clients qu’il devait à son oncle. Un héritier de ce caractère… vous voyez, enfants, que le merveilleux est dans la nature, car enfin, s’il n’y en a pas beaucoup de tels, il y en a, et j’en connais.

Diane devint donc très-heureuse, très-studieuse et très-bien portante. Elle parut avoir un peu oublié sa passion pour le dessin ; on eût dit que, malgré son jeune âge, elle avait compris que tout se tient dans l’intelligence et que, ne savoir qu’une chose, c’est ne rien savoir du tout.

Quand Diane fut devenue une grande personne de douze ans, elle était encore une charmante enfant, simple, gaie, bonne pour tout le monde, ne se faisant jamais valoir ni remarquer, et pourtant elle était très-solidement instruite pour son âge, et son