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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 4.djvu/151

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CDXXX

À M. ERNEST PÉRIGOIS, À Turin[1]


Nohant, 17 avril 1858.


J’ai été bien contente d’avoir enfin de vos nouvelles, cher ami. Donnez-m’en souvent, je n’y vois pas le moindre inconvénient pour moi ; il y en aurait, que je m’en soucierais peu.

J’aspire à pouvoir m’en aller ; le Piémont est mon Italie de prédilection, et je vous envie d’être là. Vous vous étonnez sans doute de mon spleen ; il est réel et profond. Je sais bien que tout passe et que les situations les plus tendues se détendent par leur excès même ; mais je vieillis, et, pour le peu d’années valides qui me restent, j’ai soif de repos et de douceur dans les relations. Vous éprouvez déjà que celles de là-bas sont plus cordiales et plus confiantes qu’elles ne peuvent l’être chez nous désormais. Vous ressentirez chaque jour davantage combien l’Italien du Nord est aimable, vivant et généreux.

J’ai envoyé tout de suite votre lettre à Angèle et je l’ai vue ce soir : elle revenait du Coudray. Soyez sûr que sa vaillance est à la hauteur des chagrins et du

  1. Alors en exil, par suite des proscriptions qui eurent lieu après l’attentat d’Orsini.