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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 4.djvu/169

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CDXXXVII

À M. FRÉDÉRIC VILLOT, À PARIS


Nohant, 4 septembre 1858.


Cher monsieur,

On me prie de faire passer sous les yeux de Son Altesse une nouvelle note relative à l’affaire du chemin de fer de Blidah. Cette note me paraît trop sérieuse pour ne pas être soumise à ses réflexions, et j’espère que le grand événement administratif de la suppression du gouvernement général va donner au prince la liberté de faire justice.

Je me réjouis beaucoup, sous tous les rapports, de cette augmentation nécessaire de son autorité. J’espère qu’il pensera à mes pauvres amis littéralement déportés en Afrique. Parlez-lui, je vous en supplie, de Patureau-Francœur, qu’il avait déjà sauvé, et que le farouche ministère de la dernière réaction a exilé, interné en Afrique, dans un climat impossible, où le plus courageux des ouvriers ne trouve pas à gagner sa vie. Pendant ce temps, sa femme et ses cinq enfants meurent de faim. Et c’est un homme d’élite, comme caractère et comme intelligence, que ce Patureau. Il haïssait l’attentat, il s’abstenait de toute opinion d’ailleurs, ayant tout sacrifié au devoir de nourrir sa