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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 4.djvu/33

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

lasse, lasse, et je me trouve dans un arriéré de travail effrayant.

Où que vous soyez, écrivez-moi quelquefois. À présent que vous êtes un peu plus à vous-même qu’en prison, causons de loin ; mais, au moins, causons de temps en temps.

Où que vous soyez, après avoir repris à la vie physique, dont vous devez avoir besoin sans vous en rendre compte, lisez et écrivez. Vous avez de bonnes choses à nous dire, même en dehors de ce vain monde des faits. Votre âme a monté plus haut que les nôtres, et ces romans que vous avez faits, entre ciel et terre dans les rêveries de la prison, vous nous les devez.

Adieu, pour cette nuit de fatigue. Je suis à vous de cœur et d’esprit.

G. SAND.

30 novembre. Émile, occupé pour Maurice d’une copie assez longue, ne m’a remis que ce soir la lettre que j’attendais pour vous envoyer la mienne. Je me vois donc quelques instants de calme pour vous redire que je pense à vous souvent ; oui, bien souvent ! Dans toutes les émotions, chagrin ou contentement, réflexion ou lecture, chaque fois que mon âme travaille, languit ou s’élève, je me compose un ciel, c’est-à-dire, selon Jean Reynaud, une terre, un monde, où j’espère aller, et tout de suite j’y appelle ceux de ce monde-ci que je veux et compte y retrouver.