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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 4.djvu/359

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

s’entr’ouvre, a besoin de conseils et de direction, on doit non seulement chercher la meilleure méthode à lui offrir, mais encore préparer à sa vie un milieu moral, une solidarité, un foyer de fraternité, et quelque chose encore ! une rationalité religieuse, si je puis ainsi dire, un drapeau ayant quelque autorité dans le monde. Il ne faut pas, ce me semble, que l’adolescent puisse dire à son père catholique : « Vous m’avez lié à un joug de mort ! » ni à son père protestant : « Vous m’avez isolé au sein de la liberté d’examen, vous m’avez enfermé dans une petite Église, sans appui, et me voilà déjà dans la lutte quand j’ai à peine compris pourquoi j’y suis ! »

Dans les deux cas, cet enfant pourrait ajouter : « Mieux valait ne me lier à rien et m’élever selon votre inspiration dans l’absolue liberté où vous viviez vous-même. »

Mon fils et sa femme feront, en tout cas, ce qu’ils voudront, sans qu’aucun nuage entre nous résulte jamais d’une dissidence qui n’est même pas formulée encore ; mais, ayant à donner ou à réserver mon opinion un jour ou l’autre, je vous demande, à vous, monsieur, la réponse à mon incertitude, qui vous sera dictée par votre conscience.

Je ne connais pas le monde protestant. On me parle d’une Église tout à fait nouvelle, ayant de l’avenir et faisant de nombreux prosélytes en Italie particulièrement. Je vois, d’après ce que l’on me dit, que cette Église part de vos principes et qu’il y a par le monde