Aller au contenu

Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être jamais un littérateur. J’ai eu des accès, ça n’a pas duré. L’existence où on ne connaît plus son moi est si bonne, et la vie où on ne joue pas de rôle est une si jolie pièce à regarder et à écouter ! Quand il faut donner de ma personne, je vis de courage et de résolution, mais je ne m’amuse plus.

Toi, troubadour enragé, je te soupçonne de t’amuser du métier plus que de tout au monde. Malgré ce que tu en dis, il se pourrait bien que l’art fût ta seule passion, et que ta claustration, sur laquelle je m’attendris comme une bête que je suis, fût ton état de délices. Si c’est comme ça, tant mieux, alors ; mais avoue-le, pour me consoler.

Je te quitte pour habiller les marionnettes, car on a repris les jeux et les ris avec le mauvais temps, et en voilà pour une partie de l’hiver, je suppose. Voilà l’imbécile que tu aimes et que tu appelles maître. Un joli maître, qui aime mieux s’amuser que travailler !

Méprise-moi profondément, mais aime-moi toujours. Lina me charge de te dire que tu n’es qu’un pas grand’chose, et Maurice est furieux aussi ; mais on t’aime malgré soi et on t’embrasse tout de même. L’ami Plauchut veut qu’on le rappelle à ton souvenir ; il t’adore aussi.

À toi, gros ingrat.


J’avais lu la bourde du Figaro et j’en avais ri. Il paraît que ça a pris des proportions grotesques. Moi, on m’a flanqué dans les journaux un petit-fils à la