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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/374

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CMLI

À MADEMOISELLE MARGUERITE THUILLIER,
À LA BOULAINE


Nohant, 2 janvier 1876.


Ma bonne Margot,

Nous t’embrassons tous de tout cœur et te souhaitons meilleure santé et contentement moral. Pour du courage, il en faut à tous, et tu en as beaucoup. Il m’en a fallu aussi cette année. J’ai été cruellement souffrante pendant longtemps. Mais je suis guérie, et ce qui me satisfait encore plus, c’est que mon Aurore, très fatiguée par sa croissance, comme je l’étais par ma décroissance, a retrouvé sa force et sa gaieté.

Donne-nous de tes nouvelles un peu plus souvent, quand même tu n’aurais rien de gai à nous dire. Nous ne voyons jamais une personne intelligente et artiste sans qu’elle nous demande de tes nouvelles avec un intérêt sincère, et nous voyons avec plaisir que personne ne t’a oubliée.

Pour nous, tu es toujours un idéal en même temps qu’une pauvre chère créature trop éprouvée, à qui nous voudrions pouvoir donner le bonheur et la santé. Si tu as quelque gêne de position, dis-le-moi ; tu sais que je serai toujours heureuse de ta confiance.

Tous nos bons souvenirs à Sandrine.