Page:Sand - L Autre.djvu/48

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peu sérieuse en ce monde. Mais, à vingt ans, ma pauvre Hélène, tu es une enfant aussi sauvage que le jour où tu nous es débarquée du fond de la Calédonie ; tu ne sais pas encore qu’un garçon qui se respecte ne peut rien accepter d’une personne de ton sexe, à moins qu’elle ne soit sa mère… ou sa femme.

HÉLÈNE.

Ou sa sœur ?

MARCUS.

Tu n’es pas ma sœur, et, si tu l’étais, je voudrais encore moins te prendre ta dot et entrer dans les idées de monsieur ton père, en te condamnant au célibat. N’insiste pas, tu m’offenserais.

HÉLÈNE.

Alors… si j’étais ta femme, tu accepterais mon sort ? tu le partagerais ? Eh bien, marions-nous !

MARCUS.

C’est sérieusement que tu parles ?

HÉLÈNE.

Tu le vois bien.

MARCUS.

Mais… Monsieur Maxwell ?…

HÉLÈNE, étonnée.

Quoi, monsieur Maxwell ?

MARCUS.

Rien… Mais… est-ce que tu me crois épris de toi ?

HÉLÈNE, avec une tranquillité un peu affectée.

Pas le moins du monde.

MARCUS, de même.

Et toi, tu ne m’aimes pas… d’amour ?