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Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/286

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trouvé ! l’erreur est réparée, l’invention est superbe et fera beaucoup d’honneur à Rossmayer, un peu à ton ami Pérégrinus… Je vais demander la main de Nanni à ses parents, et je sens que je ne serai plus timide. J’apporte une belle idée, un perfectionnement bien utile, et, dès demain, je commence un bel ouvrage. Nanni en sera fière, j’aurai beaucoup de bonheur et un peu de gloire ! Embrasse-moi donc, et oublie… (il voit Max immobile sur un fauteuil.) Tu dors ?… Ma foi, oui !… il s’est endormi là !… (Il le touche.) On dirait qu’il a la fièvre ! Pauvre Max, il travaille tant ! et il veille trop, il s’épuise. Laissons-le se reposer, et allons… Mais j’ai de l’encre aux mains ; je cours faire un peu de toilette pour me présenter convenablement là-haut, (Il sort par le fond avec la lumière.)


Scène X

MAX, endormi ; puis LE SPECTRE.
MAX, agité, rêvant.

Moi, fou ? Allons donc ! vous voulez m’enfermer ?… Laissez-moi !… (Il se débat.) Ah ! c’est horrible !

LE SPECTRE, paraissant derrière lui.

Eh bien, monsieur le railleur, vous avez reçu une petite leçon ? Ça vous apprendra à traiter les anciens de radoteurs… Mais en voilà assez, petit Max ! Je t’ai vu naître, je ne veux pas sitôt te voir mourir. Reprends ta raison, et sois un peu moins sûr de toi à l’avenir ! (Il lui souffle sur le front.) Allons, sortez, vertige ! sortez, je le veux ! (Une chauve-souris sort de la tête de Max et vole effarée par la chambre. Le Spectre va ouvrir la fenêtre.) Allons, allons, dehors, méchant esprit ! Ah ! si je prends le balai ! (Il prend le balai et poursuit la chauve-souris, en faisant, pour l’atteindre, des sauts fantastiques et des bonds impossibles. La bête s’envole par la fenêtre, et le Spectre s’envole aussi en la poursuivant toujours. La fenêtre se referme.)