Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans l’obscurité, attendant qu’on me servît, lorsque je sentis une personne se glisser près de moi et me toucher légèrement l’épaule.

— Ne dites rien, mon oncle, c’est moi, Émilie.

— Et que fais-tu là, chère enfant ? Je te croyais rentrée chez toi ?

— Je suis rentrée… et ressortie, mon oncle. Sommes-nous seuls ici ?

— Oui, pour le moment, mais parlons bas.

— Oui, certes ! Eh bien ! sachez que je n’ai pas retrouvé Marie à Vignolette. Nicole m’a dit que la Charliette était venue en mon absence, et qu’elles étaient sorties ensemble.

— Eh bien ! tu crois qu’elles sont ici ?

— Oui, je le crois, et je les cherche.

— Comme cela, toute seule au milieu de ces paysans avinés qui ne te connaissent pas tous, car il en vient ici de tous côtés ?

— Je ne crains rien, mon oncle. Il y en a assez qui me connaissent pour me protéger au besoin. D’ailleurs Jaquet doit être là, et je pensais bien que vous y viendriez.

— Alors ne me quitte pas et laisse ta folle courir les aventures : il n’est pas juste que, pour sauver une personne qui ne veut pas qu’on la sauve, tu t’exposes, toi, la raison même, à quelque insulte. Reste près de moi. Je te défends de t’occuper de mademoiselle Marie. Jacques est là pour s’en occuper à ta place et à sa manière.