Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/368

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— Absolument, répondit-elle ; donc vous me donnez raison ?

— Allons voir les bêtes, s’écria Philippe, je vois bien qu’ici on a trop d’esprit pour moi !

— Allons voir les bêtes, soit, répondit Marianne.

— Vous venez, mon parrain ?

Et elle ajouta tout bas :

— Je vais avec vous jusqu’aux étables, et je reviens ici faire la partie de votre mère.

— Nous vous suivons, répondit Pierre.

Mais il ne les suivit pas. Il revint au salon avec madame André en lui disant :

— Laissons-les s’expliquer ensemble. Le moment est déjà venu où Marianne va se décider. Elle l’a voulu, elle l’a mis en confiance. Il va résumer en une seule toutes les déclarations qu’il lui a faites pendant le dîner. Si cela plaît à Marianne, notre avis est fort inutile : nous n’aurons qu’à dire amen.

Madame André était inquiète ; elle ne voulait pas que Pierre abandonnât ainsi la partie. Elle le força d’aller rejoindre Marianne. Il lui promit d’obéir et s’en alla tout seul au fond du petit désert où il avait eu, quelques heures auparavant, un moment de bonheur et d’espoir. Il l’avait déjà perdu, et toute sa vie manquée par excès de modestie lui apparaissait comme une raillerie amère devant le triomphe subit d’un