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Page:Sandre - Le purgatoire, 1924.djvu/111

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le saloir de mayence

conquérant au milieu de vaincus ? Il y avait trop de désinvolture dans ses manières pour que nous pussions douter de la pureté de ses sentiments.

La quarantaine une fois terminée, quand nous serons sortis du « saloir », on nous répartira dans les différentes chambres de la citadelle où restent des places disponibles. Ainsi nous serons mêlés aux anciens, et la captivité dont ils ont l’expérience, nous paraîtra moins pénible. Monsieur le censeur n’ajoute pas que de cette façon, au contact de la neurasthénie qui ronge certainement nos « anciens », nous sombrerons plus vite et plus certainement aussi dans la même neurasthénie. Devenus prisonniers ordinaires parmi les prisonniers, nous serons tenus de répondre deux fois par jour à l’appel qui est fait par un officier allemand, le matin à 9 heures et le soir à 6 heures, dans la cour quand le temps le permet, et dans les couloirs s’il pleut. Nous serons tenus d’assister aux repas en commun qui se prennent, en deux services, dans un réfectoire trop petit pour tous les prisonniers. Nous serons tenus de respecter les consignes du camp. Nos anciens nous les feront connaître peu à peu. Mais il faut que nous sachions dès maintenant que les sentinelles sont autorisées à faire usage de leurs armes, si nous essayons de transgresser la moindre des consignes. Nous serons tenus de rendre aux officiers allemands, quel que soit leur grade et quel que soit le nôtre, les marques extérieures de respect qui leur sont dues. Monsieur le censeur laisse tomber ce dernier mot comme un coup de trique. Nous serons tenus d’obéir aux officiers, sous-officiers et soldats allemands en service. Et monsieur le censeur prononce