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Page:Sandre - Le purgatoire, 1924.djvu/180

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le purgatoire

— Bonjour, messieurs.

Les armoires n’avaient pas bougé.

Personne ne souffla mot. Le feldwebel était plus embarrassé que jamais. Il commença :

— Cette armoire… cette armoire est…

Et il s’arrêta court.

Une voix cria :

— En bois.

— Oui, oui, répondit le pauvre diable. Et il sortit en se recoiffant.

Ce n’était pas un pauvre diable. Méchant autant que n’importe quel Boche, il se frotta les mains quand le camp de Vöhrenbach devint camp de représailles. Il se donnait de toute son âme à l’exécution des mesures prescrites par Berlin. Il jubilait surtout, quand il enfermait un prisonnier dans l’in-pace des arrêts de rigueur. Triste individu qui n’avait jamais respiré l’air du front, vous vous en doutiez, et qui montrait au grand jour la bassesse de ses instincts, il grimaçait comme une caricature à côté des officiers du camp dont il léchait les bottes à tout propos.

Tels étaient, du plus grand au plus petit, les nobles seigneurs à qui le Gouvernement Impérial et Royal avait confié le soin de nous séquestrer.