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Page:Sandre - Le purgatoire, 1924.djvu/227

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le régime des représailles

les chaises-longues. Interdit, le tennis ; interdits, les agrès de gymnastique. La salle de douches fut fermée. Les lavabos furent fermés. On ne laissa qu’un robinet dans la cour. Ce robinet fut cause de scènes épiques. Les prisonniers faisaient leur toilette en plein air, et, comme ils n’avaient aucune raison de cultiver la crasse ou de ménager la pudeur des populations, la plupart exhibaient aux quatre points cardinaux leur nudité totale. Vociférations, cris, grincements de dents, tout fut vain. Mais la kommandantur rouvrit la porte des lavabos.

— On les aura ! fut le mot de cette victoire.

Nous tenions ferme. Les Boches aussi. Ils n’étaient pas satisfaits des lettres que nous avions écrites en France. Il y avait de quoi. Aucun de nous ne se plaignait. Nous avions profité de l’aubaine de ces trois lettres pour nous délivrer par avance de tout ce que nous ne pourrions plus dire, puisque désormais nous n’aurions plus droit qu’à une carte de dix lignes toutes les semaines. Et tous nous nous étions arrangés pour que nos familles ne s’alarmassent point.

Les représailles continuaient. Les contre-ordres suivaient les ordres. On ne s’y retrouvait plus. On nous rendit le réfectoire, parce que nous gâtions le plancher des chambres et parce que nous réclamions le remboursement du matériel que nous avions payé. Le colonel B***, le plus ancien d’entre nous, fut écroué dans la cellule des arrêts de rigueur sans motif spécial.

Comme à Saint-Angeau !
Comme à Saint-Angeau !